" Parti NATION LAO " Interview de M. Touxoua LYFOUNG à "Hmoob Vam Meej" Parce que M. Touxoua Lyfoung, diplômé de la Faculté de Droit et de l'Institut d'Etudes Politiques de Bordeaux, représente 1/ la nouvelle génération montante, au sein de laquelle il lutte depuis plusieurs années déjà, avec conviction et force, contre le régime totalitaire, despotique et corrompu de la dite République Démocratique Populaire du Laos (RDPL), 2/ et parce qu'il représente aussi et surtout la famille ethnique lao-hmong qui a tant souffert durant ces dernières décennies, il nous a semblé intéressant de reproduire ci-après, partiellement, l'interview qu'il avait accordé à cette revue hmong et qui traduit parfaitement ses sentiments patriotiques ainsi que l'objectivité de ses observations Historiques. Nous souhaitons très sincèrement que, par là, nos lecteurs comprendront mieux le drame du Laos dans lequel les hmongs ont subi les pires exactions. HVM: - On lit dans les journaux que le régime de Vientiane va changer. Votre lutte servira-t-elle à quelque chose ? TL: - C'est vrai que le régime contre-nature et anachronique de Vientiane va changer tôt ou tard. Mais laissez-moi vous dire une chose: Le régime va changer parce que nous le combattons sans relâche et que nous le condamnons constamment devant l'opinion mondiale. On n'obtient rien sans rien. C'est bien que ce régime change...Ainsi les laotiens pourraient-ils retourner au pays pour regarder les visages des bourreaux de leurs familles et de leurs proches. Mais là n'est pas notre objectif fondamental. Nous devons tout faire, et c'est le devoir de chaque laotien libre, pour que ce régime diabolique tombe, qu'il disparaisse et que l'on n'entende jamais plus parler du communisme laotien ou du communisme à la laotienne. On peut attendre sagement qu'il change. Mais si le changement est le fait des dirigeants actuels, les criminels et les démons d'hier vont devenir des anges de demain. Les Alliés ne voulaient pas seulement qu'Hitler change, qu'il ferme ses camps de concentration ou ses chambres à gaz. Ils voulaient stopper le nazisme et l'idéologie génocidiaire. HVM: - Quelles sont les relations du Parti NATION LAO avec les autres Organisations politiques laotiennes en France et à l'Etranger en général comme la Famille Royale, le Nèo Hom du Général VANG Pao avec qui vous auriez passé un contrat ? TL: - Je tiens tout d'abord à préciser que la Famille Royale n'est pas une organisation politique, mais une sorte d'institution de droit divin respectée comme telle par le peuple. Dans l'ordre hiérarchique des Quatre Hautes Institutions de l'Etat on plaçait le Roi en troisième position après la Nation et la Religion, et avant la Constitution. En principe le Roi n'intervient ni dans l'exercice du pouvoir exécutif, ni dans l'exercice du pouvoir législatif, ni dans l'exercice du pouvoir judiciaire. On avait l'habitude de distinguer la Famille Royale Régnante (Vang Louang) et la Famille Royale Gouvernante(Vang Na). Aujourd'hui, cela n'a plus de raison d'être et n'a plus aucune signification. Car le gouvernement tient son pouvoir du peuple et pour le peuple. Cela suppose des élections législatives générales au suffrage universel pour élire les représentants du peuple. Celà suppose aussi une majorité à l'Assemblée Nationale (députés ou parlementaires) pour soutenir le Pouvoir Exécutif constitué à partir d'une volonté populaire. Cela suppose enfin l'existence d'un texte législatif qui limite le mandat du député ou du parlementaire, et par là-même la durée du Pouvoir Exécutif pour éviter tout glissement vers la dictature ou le pouvoir personnel. Le Parti NATION LAO considère la Famille Royale comme une Institution à vocation d'arbitrage qui symbolise l'unité nationale et la continuité de l'Etat, et non comme une organisation politique. C'est pour cette raison que le Parti NATION LAO approuve et soutient sans réserve les actions du Chef de la Famille Royale, en vue de la Réconciliation Nationale. Je regrette que les organisations et les hommes qui avaient toujours soutenu la Monarchie n'aient pas répondu positivement à la proposition de Son Altesse Royale le Prince Sauryavong SAVANG sur la constitution d'un Conseil des laotiens de l'Etranger. (......) Depuis la création du Parti NATION LAO, et à notre initiative, nous avons réuni à plusieurs reprises les différentes organisations laotiennes de résistance et de lutte pour la démocratie au Laos en vue de mettre sur pied un Comité de Coordination de nos activités patriotiques en France, en Amérique, en Australie, en Thailande et sur le terrain. Le Nèo Hom du général VANG Pao, représenté en France par quelques éléments extrémistes de droite, n'a jamais répondu à nos invitations. Il fait toujours cavalier seul taxant les autres de collaborateurs de Vientiane. Ceci dit, je considère quand même le général VANG Pao comme l'un de nos plus grands généraux. VANG Pao a les qualités indéniables d'un grand chef militaire. Il aurait été Ministre de la Défense Nationale, Chef d'Etat Major Général ou Commandant en Chef des Forces Armées Royales, le sort du Royaume du Laos aurait été différent. A chaque passage à Paris, le Prince SOUVANNA-PHOUMA lui-même, alors Premier Ministre, reconnaissait devant les étudiants laotiens en France que le général VANG Pao était un bon soldat et un bon serviteur de la nation. Je ne l'ai pas entendu faire l'éloge des autres chefs militaires. A l'époque j'étais étudiant à Bordeaux. Je montais souvent à Paris pour assister aux conférences de presse du Premier Ministre à l'Ambassade du Laos parce que j'étais très intéressé par les affaires de mon pays. Son seul défaut(à Vang Pao), qui peut être en même temps une qualité, est la méfiance permanente des autres. Son erreur monumentale, parlons-en, a été d'envoyer son troupeau californien aboyer dans les rues de Fresno et de Green Bay au moment de la visite aux Etat-Unis d'Amérique des dirigeants du Parti NATION LAO au mois d'Octobre 1993, sur les conseils de quelques misérables individus qui voulaient nuire à moi, à ma famille et au Prince Mangkra SOUVANNAPHOUMA, notre Président. J'espère que de telles choses ne se reproduiront pas. J'aurais préféré voir les laquais du général défiler et crier "A bas le communisme" devant l'Ambassade du Laos à Washington ou devant les Bâtiments de l'ONU à New York. Connaissant le général VANG Pao que je respecte comme mon propre père, et en raison des liens affectueux qui nous lient depuis trente ans, je n'arrive pas à comprendre qu'il a pu agir de la sorte. Je préfère me consoler en pensant qu'il y a une troisième main dans cette malheureuse affaire, et que le général VANG Pao et moi, nous menons le même combat pour les mêmes causes. Le Parti NATION LAO regarde l'avenir. "L'union fait la force" reste notre devise. C'est vrai que le général VANG Pao et moi avons passé un contrat portant sur notre fidélité au peuple hmong. Nous nous sommes assermentés sur l'honneur de ne rien faire qui puisse diviser le peuple hmong ou porter atteinte à son unité. J'étais alors membre du Conseil Suprême du MDL (Mouvement pour la Démocratie au Laos) et porte-parole du parti NATION LAO. Ce contrat moral était conforme au programme politique du Parti NATION LAO que je défendais et qui allait au delà de la simple unité hmong. Je n'avais donc aucun scrupule à m'y engager. Quelques mois plus tard, lors du voyage des membres dirigeants du Parti NATION LAO aux Etats-Unis d'Amérique, l'un de nous a trahi l'autre en payant les hmongs pour se manifester contre les hmongs, à Fresno puis à Green Bay. Pour ma part j'ai la conscience tranquille. (.....) HVM : - A votre avis qui est actuellement le représentant légitime du Laos ? TL : - Bien que le Roi Sisavang VATTHANA ait abdiqué en 1975 par un triste message lu solennellement par le Prince Héritier VONGSAVANG devant la Représentation Nationale, je considère que la Famille Royale reste le représentant légitime du Laos. Mon argument a un fondement historique. Je suis de ceux qui pensent que le Laos n'a pu exister à travers les siècles, contre vents et marées, que grâce aux courages et aux sagesses de ses bons Rois et de ses Princes Vaillants. J'ai le coeur qui saigne quand je constate que nos Princes ne se comprennent pas ou parfois s'entre-déchirent. J'ajoute que si la Famille Royale (Vang Louang, Vang Na et Principauté de Champassac confondus) est le représentant légitime du Laos, elle n'est pas représentative du peuple laotien. A la lecture des programmes politiques de toutes les organisations de lutte pour la Liberté, la Justice et la Démocratie au Laos, et à la lumière de leurs structures administratives internes et de leurs fonctionnements respectifs, je crois pouvoir affirmer que le Parti NATION LAO est l'organisation la plus représentative du peuple laotien. Dans le MDL j'avais proposé plus de dix fois, mais sans résultat, la création d'une Commission des Minorités Ethniques pour écouter et coordonner les aspirations de chaque groupe ethnique en vue d'une meilleure compréhension entre les différentes ethnies laotiennes qui sont les forces réelles de la nation. Le MDL n'a pas entendu ma voix. C'est finalement Vientiane qui a créé cette Commission à l'Assemblée Nationale. Dans le Nèo Hom/France, les hmong, les khamou et les thaî-dam ne sont que des décors et les contribuables. Dans le Gouvernement d'exil du général VANG Pao et de Phagna Louang Outhong SOUVANNAVONG (aujourd'hui décédé et remplacé par Phagna Khamphay ABHAY), les hmong, en revanche, occupent ridiculement plus de 80% des sièges. On y trouve même les députés et les fonctionnaires hmong du nouveau régime. HVM : - On entend souvent les discours de nos hommes politiques et de nos officiers généraux exilés en France et en Amérique disant que le Prince SOUVANNA-PHOUMA, Premier Ministre jusqu'en 1975, était responsable de la chute de la Monarchie laotienne, de la mort du Roi et de la mort de ses Ministres dont votre père. Le Prince aurait vendu le Laos aux communistes vietnamiens. Qu'en pensez-vous ? TL : - Pour moi cette histoire est du passé. Mais puisque vous me la posez, je vous répondrai avec les éléments dont je dispose. Je pense que ceux qui rejettent toute la faute au Prince SOUVANNA-PHOUMA ne connaissent pas la Constitution laotienne ou ne savent pas la lire. Je pense aussi que ces messieurs qui vivent aujourd'hui confortablement de leurs retraites à l'Etranger ne suivaient pas la conjoncture politique internationale de l'époque. Ils ont fui devant leurs responsabilités. Aujourd'hui ils peuvent dire ce qu'ils veulent puisque les morts ne répondent pas et que les absents ont toujours tort. Ils ont fait leurs carrières et leurs fortunes sous la coupole Souvanna-Phouma. A leur place j'aurais observé un peu plus de réserves quant à ces critiques, ou alors j'aurais été un hypocrite opportuniste. Voici quelques éléments de réponse à votre question. L'Histoire en jugera. 1 - Selon la Constitution du Royaume du Laos (article 39, je crois)(art.19) le Roi nomme son Premier Ministre. Il n'est pas nécessaire que ce dernier soit le leader d'un parti politique majoritaire à l'Assemblée Nationale. Dans ces conditions si le Premier Ministre ne fait pas son travail, le Roi peut le congédier à tout moment. Si malgré tout le Roi maintient le Premier Ministre à son poste, c'est qu'il a ses raisons. On ne peut être plus royaliste que le Roi. Ou alors il faudrait admettre que le Roi avait tort de conserver son Premier Ministre, ce que je m'interdirais de dire. Car ce serait admettre que je suis plus intelligent et plus clairvoyant que le Roi. Ceux qui aujourd'hui rejettent d'emblée toute la faute à Souvanna-Phouma doivent réfléchir sur ce détail. On ne peut pas se réclamer du Roi, et en même temps dire que la politique de son Premier Ministre est mauvaise ou que ce dernier est un traître, surtout quand on est soi-même membre du gouvernement, général des forces armées royales ou ambassadeur du Royaume. Entre nous, lequel de nos Ministres, de nos Généraux et de nos Hauts Fonctionnaires de l'époque a-t-il protesté auprès du Roi sur le choix de Souvanna-Phouma comme Chef du Gouvernement? Lequel d'entre eux se montrait-il capable de remplacer Souvanna-Phouma? Les américains, affaiblis par le scandale du Watergate, nous ont lâchés. Richard NIXON se rendait à Pékin. Henry KISSINGER voulait son prix Nobel de la paix. Les stars américaines dansaient à Hanoi. La coalition entre nord-viêtnamiens, chinois, cubains, européens de l'Est et soviétiques était plus forte et plus solide que jamais. Le Mur de Berlin était intouchable et infranchissable. Le communisme soviétique dominait le monde. Que pouvait faire Souvanna-Phouma, sinon négocier la paix avec la partie adverse pour sauver les dégâts. Il ne voulait pas voir les tanks nord-viêtnamiens entrer dans Vientiane comme dans Phnom-Penh et dans Saigon. C'est pourquoi il invitait ceux qui étaient contre la paix "négociée" à quitter le pays. Ceux qui l'ont fait ont eu la vie sauve. Ceux qui sont restés dont mon propre père ont payé de leurs vies. Ces anciens Ministres, ces anciens Généraux et ces anciens Ambassadeurs, tous nommés par Souvanna-Phouma, auraient-ils préféré rester au Laos jusqu'au 2 Décembre 1975? Je leur laisse le soin de répondre à cette question. Si l'on admet que le Roi ait été forcé de renoncer à son trône, pourquoi ne pas admettre aussi que Souvanna-Phouma ait été contraint de négocier avec les communistes qui contrôlaient pratiquement tout le pays. Sous la Monarchie constitutionnelle laotienne, le Premier Ministre présidait le Conseil de Cabinet. Le Roi présidait le Conseil des Ministres (article 17 de la Constitution). Par conséquent le Roi était au courant de toutes les décisions prises par le Gouvernement. Je m'incline bien bas devant le courage du Roi et de tous ceux qui ont choisi de mourir sur la terre laotienne afin que plus tard leurs enfants et leurs petits-enfants puissent acclamer haut et fort que cette terre leur appartient de droit. Mon père s'est rendu à Samneua comme membre du Gouvernement pour la session d'ouverture du Conseil Politique Mixte. Il ne savait pas que la Monarchie allait tomber. Le Roi lui-même ne s'y attendait pas. Les américains ne voulaient pas un bain de sang au Laos. Dès le 2 Décembre 1975, Souvanna-Phouma ne gouverne plus (1). Le Roi ne règne plus. Tous deux ont perdu la partie devant les manifestations de rues et devant l'abandon de postes de tous les responsables politiques et militaires (2). En politique, le vainqueur prend le pouvoir, le vaincu s'efface. En régime démocratique libéral on respecte l'opposition. En régime totalitaire marxiste-léniniste on élimine l'opposition physiquement. C'est pour celà que je combats à mort toute sorte de dictature et notamment ce communisme dit à la laotienne. Quand le Prince Souvanna-Phouma m'a dit, en 1982 à Paris, que mon père était encore en vie, je le pensais sincère (3). Il n'avait pas accès aux décisions criminelles du Bureau politique du Parti Communiste Lao. Plus tard, j'ai eu l'occasion de rencontrer un ancien membre du Parti communiste qui m'a expliqué comment sous ce régime les mensonges ont été transformés en vérités, et les vérités en mensonges. Tant que les mémoires de Souvanna-Phouma ne seront pas publiés, je refuse de croire qu'il voulait la mort de mon père. J'en conclus pour ma part que Souvanna-Phouma en tant que homme politique a perdu sa dernière bataille contre la gauche communiste. Certes il avait sa part de responsabilité politique dans la chute de la Monarchie, mais en aucun cas il n'a vendu le Laos aux vietnamiens. Les vrais coupables sont le communisme et ses serviteurs. Leurs noms sont sur les bancs des accusés de la Cour de La Haye depuis longtemps. Même à titre posthume ils seront jugés et condamnés pour crimes de guerre et crimes contre l'Humanité (4). 2 - Tout le monde savait que la politique intérieure et extérieure du Royaume du Laos était soutenue par les Grandes Puissances, et principalement par les américains grâce à leurs dollars, dans le cadre des Accords de 1954, 1962 et 1973. Les coups d'Etat répétés entre 1960 et 1965 se soldaient chaque fois par la reconduction et la confirmation de Souvanna-Phouma au poste de Chef de gouvernement, sous la pression des américains. Quand les militaires d'Extrême-droite ont séquestré Souvanna-Phouma en 1964 avec intention d'attenter à sa vie, c'étaient les Grandes Puissances et en premier lieu les américains qui s'y opposaient et protestaient énergiquement, menaçant de couper toute aide économique, financière et militaire au Royaume. Quand Souvanna-Phouma était à deux doigts de la mort en 1974 par infarctus, c'étaient encore et toujours les Grandes Puissances, dont les américains en première ligne, qui envoyaient chacune ses médecins spécialistes au chevet du Prince. C'était Souvanna-Phouma, et non pas une autre figure politique laotienne, qui signait le Livre Blanc dénonçant l'agression nord-viêtnamienne contre le Royaume du Laos. Voilà un homme d'Etat dont la classe politique laotienne exilée veut salir la mémoire. Voilà tout simplement le chêne que l'on abat. 3 - On voit donc que Souvanna-Phouma était maintenu au pouvoir, à la fois par le Roi lui-même, Chef de l'Etat et Chef des Armées, par les américains, financiers et fournisseurs d'armes contre l'agression communiste et par l'ensemble des Grandes Puissances, garants de la neutralité du Royaume du Laos. Est-ce juste de mettre sur le seul dos de Souvanna-Phouma tous les malheurs du peuple laotien ? Sommes-nous plus intelligents et plus patriotes que notre Roi? Sommes-nous plus intelligents que les américains? Et sommes-nous plus intelligents que les Chefs d'Etat des Grandes Puissances de ce monde? Comme chacun de nous, Souvanna-Phouma avait sa part de responsabilité dans la chute de la Monarchie. Mais cette Monarchie, le Roi et les américains pouvaient la sauver. Ils ne l'ont pas fait. Le Roi lui-même pouvait partir à tout moment. Il ne l'a pas fait parce qu'il aimait son pays et son peuple. Le Roi avait la responsabilité de quatre millions de sujets et non pas seulement de quatre cent mille réfugiés. Dans les discours de nos hommes politiques et de nos généraux exilés, je crois qu'ils oublient trop souvent, et parfois volontairement, de désigner du doigt le Parti Révolutionnaire Populaire Lao et ses dirigeants comme les véritables responsables. Je persiste et signe que le Parti Révolutionnaire Populaire Lao et ses dirigeants sont coupables de crimes contre le peuple laotien et contre la nation laotienne. Pour votre information je vous cite ici un passage de l'interview accordé par le Prince Souvanna-Phouma à la revue Sud-Est Asiatique en 1982, qui se passe de tout commentaire: "Tous les soirs avant de me coucher, j'ai écrit dans mes agendas ce qu'on m'avait dit dans la journée, etc. J'ai ces agendas. Je puis les reproduire, mais de mon vivant je ne veux pas écrire : je ne veux pas qu'on puisse dire que j'écris mes mémoires pour en tirer de l'argent. Je laisse mes agendas au gouvernement. Cela pourra servir à la rédaction de l'Histoire du Laos" (5). A la question de savoir pourquoi, après la chute de la Monarchie laotienne, il n'a pas quitté son pays, comme le faisaient en leur temps Bao Daî et Sihanouk, pour profiter à l'étranger d'un exil doré que sa fortune (6) et ses relations lui auraient permis, le Prince Souvanna-Phouma a répondu simplement :"Je suis un patriote avant tout. J'ai consacré ma carrière à mon pays." HVM : - Après tout ce que l'on a entendu sur le Prince Souvanna-Phouma, êtes-vous à l'aise de travailler avec son fils? TL :- Je vais vous surprendre. Je suis absolument à l'aise et même très fier, de travailler avec le Prince Mangkra SOUVANNAPHOUMA que je considère comme le prototype de la lutte politique. J'ai eu souvent l'occasion de l'entendre et de l'écouter dans des réunions publiques et des rencontres internationales. Il ne mâche pas ses mots pour condamner haut et fort l'occupation du Laos par l'armée nord-viêtnamienne, dénoncer le régime dictatorial aux méthodes hitléro-staliniennes imposé au peuple laotien par les communistes laotiens et vietnamiens, et même condamner sans équivoque l'attitude des américains et des européens qui se détourent de leurs amis d'hier que nous sommes pour serrer la main de l'ennemi. On me prête des propos souvent virulents contre le régime de Vientiane. A côté du Prince Mangkra Souvannaphouma, je suis un agneau. Dans la vie je crois que personne n'a un passé propre et sans tache. Moi-même, dans ma jeunesse, il m'arrivait de grimper sur l'arbre pour voler les fruits du voisin. HVM : - Vous êtes laotien d'origine hmong, vos amis politiques vous acceptent-ils avec la même sincérité que si vous étiez un laotien d'origine lao ? TL :- C'est une question qu'il faut leur poser. Pour moi, nous sommes tous laotiens. Au sein du Parti NATION LAO cette discrimination est prohibée. Je profite de cette occasion pour rendre hommage à mes amis de NATION LAO et en même temps inviter tous mes compatriotes, quelle que soit leur origine ethnique, à s'unir autour de l'idée de Justice, de Liberté, d'Egalité, de Fraternité, de Solidarité, de Démocratie et d'Indépendance Nationale pour faire Front Uni contre l'occupation vietnamienne et contre le totalitarisme d'Etat dans notre pays. HVM : - Avez-vous un voeu à formuler ? TL: - Que les laotiens réapprennent à vivre ensemble sous un ciel nouveau ! NB : Le 9 Mars 1997, M. Touxoua LYFOUNG a remis sa démission de Membre du Parti NATION LAO pour mieux se donner à la "Fondation Touby Lyfoung" qu'il venait de créer. Sa demande a été accepté et entériné par l'Assemblée Générale Extraordinaire du Parti qui eut lieu le 11 Mai 1997 et qui a reconduit le Prince Mangkra SOUVANNAPHOUMA dans ses fonctions de Président et nommé Madame Khamtanh SAYARATH Secrétaire-Général du Parti. PS.: (1)Malgré son titre officiel de "Conseiller auprès du gouvernement" de la RDPL, le Prince Souvanna-Phouma fut en fait mis en résidence surveillée et n'était au courant de rien si ce n'est au travers des rapports optimistes qu'il recevait régulièrement de son demi-frère, le Président Souphanouvong (le prince-rouge). (2)U n grand nombre de Ministres, d'Officiers-généraux et de Fonctionnaires de l'Administration royale avaient quitté le pays dès le 10 Mai 1975.(3) Le Prince Souvanna-Phouma était un ambassadeur idéal pour la RDPL car, ignorant tout de la situation interne du Laos, il n'avait qu'à réciter sa leçon qui trompa nos exilés, comme les Gouvernements amis ou comme les médias.(4) En 1985, le Comité Lao pour la Défense des Droits de l'Homme a déposé plainte auprès de la Cour International de La Haye à l'encontre du gouvernement de la RDPL et de ses dirigeants pour "crimes contre l'humanité et non-assistance à personnes en danger de mort. En 1999, il saisira les instances du Parlement européen dans le même ordre d'idées.(5) Nous doutons de voir un jour les agendas du Prince Souvanna-Phouma mais sommes sûrs que les communistes lao-viets sauront les utiliser à leur propre avantage.(6) Le peu d'économies que possédait le Prince tant en France qu'en Suisse ont été volé par Souphanouvong, exécuteur testamentaire qui devait en faire le partage entre les descendants du Prince, et finalement confisqué par le gouvernement de la RDPL.
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